Joe Bonamassa
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 
Joe, quels sont les musiciens qui constituent ton groupe actuellement ?
Dans mon groupe il y a Bogie Bowles à la batterie qui joue avec moi depuis 3 ans. A la basse c’est le légendaire Carmine Rojas qui nous accompagne. Ce dernier s’est, par le passé, illustré aux côtés d’artistes tels que Rod Stewart, Tina Turner ou David Bowie. Aux claviers nous avons Rick Melick qui est originaire d’Australie et qui joue également sur mes deux derniers CD.

Comment as-tu été amené à commencer l’apprentissage de la musique ?
J’ai commencé à jouer de la guitare à l’âge de 4 ans. Si, au départ, je m’entraînais un peu en cachette, je me suis rapidement retrouvé à prendre des cours pendant les 4 premières années de mon apprentissage.
Par la suite j’ai préféré apprendre par moi-même, en autodidacte, en passant la plupart de mon temps seul dans une pièce avec l’instrument.

Mais vivais-tu dans un environnement propice à l’apprentissage de la musique ?
Oui, depuis 4 générations mes grands-parents jouent de la trompette. Si mon grand-père joue de la trompette mon père, quant à lui, est devenu guitariste. C’est donc lui qui m’a transmis le virus car je me suis mis, à mon tour, à la guitare.

Quels étaient les musiciens qui retenaient ton attention à cette période de ta vie ?
Certains étaient issus de styles plus classiques et d’autres du British Blues. Ainsi j’ai rapidement apprécié des artistes tels que Paul Kossov, Jeff Beck, Eric Clapton, John Mayall  &  The Bluesbreakers etc…

Quelles ont été tes premières expériences au sein de groupes ?
Mon premier groupe était, en fait, un rassemblement de musiciens de Blues locaux. J’étais déjà, à ce moment là, mis en avant et nous tournions dans les environs de New-York.
Par la suite j’ai fondé un deuxième groupe qui se nommait Bloodline avec Berry Oakley (fils du bassiste des Allman Brothers, Nda), Erin Davis (fils de Miles Davis, Nda) et de Waylon Krieger (fils de Robby Krieger le guitariste des Doors, Nda). Nous avions un impact un peu plus national et je pense qu’il doit y avoir pas mal de gens qui se souviennent de nous.

A-t-il été facile de t’imposer sur la scène new-yorkaise à tes débuts ?
Non, je crois qu’il n’est pas aisé de trouver sa place où que ce soit en Amérique quand tu fais de la musique. J’ai simplement fait en sorte de travailler très dur afin de me perfectionner au maximum avec le temps. Avant que je puisse mener à bien mes premiers projets en solo, cela a demandé un gros effort de ma part. De ce fait, j’ai mis 10 ans d’investissement total dans mon travail avant de pouvoir l’exploiter à fond et être reconnu.

A quel âge as-tu touché ton premier cachet de musicien ?
J’avais 11 ans…
C’est donc à cet âge que l’on peut considérer que je suis devenu professionnel.

Quelles ont été tes premières rencontres importantes dans la musique ?
Je pense que la plus importante est ma rencontre avec BB King. Je l’ai rencontré alors que j’avais 11 ans…
Il a m’a donné, en premier, la chance de m’exprimer à ses côtés. J’ai pu  partager la scène avec lui. En plus de cela, il s’est comporté avec moi de façon très amicale et loyale. Je ne le remercierai jamais assez pour tous ces grands moments et pour les conseils qu’il m’a donnés…

Justement, quel est le meilleur conseil que tu ais reçu ?
Tout d’abord de rester humble, honnête avec mes fans, investi dans ma musique et prudent avec l’argent (rires) !

Quelle définition donnerais-tu à ta musique ?
Je pense que c’est une combinaison de Blues-Rock. De différents styles issus de ce genre que j’ai pu découvrir en puisant dans la collection de disques de mon père. Je crois que c’est ça la définition de ma musique !

Penses-tu qu’il sera difficile pour toi de poursuivre et de développer une carrière dans le Blues ?
Oui cela risque de devenir compliqué. Nous avons des fans qui sont des amateurs purs et durs de Blues. Cependant d’autres fans sont plus orientés Rock…
Aussi je pense que ce que je fais est davantage dédié aux fans de musique au sens large qu’aux amateurs de Blues. D’ailleurs, si je fais beaucoup de Blues et que je suis un musicien de Blues, je me considère davantage comme un « amuseur ». Mon travail consiste à satisfaire le public du début à la fin du concert. Que ce soit en jouant, pendant deux heures, des vieux Blues traditionnels ou des vieilles faces B du groupe Yes. Pour moi, tant que mes performances scéniques permettront de donner du bonheur aux spectateurs, j’aurais fait mon job !

Peux-tu me présenter ton dernier album en date ?
Le dernier CD que j’ai sorti s’appelle « Sloe Gin » (label Provogue, Nda)…

Pour celui-ci a-t-il été important, pour toi, de revenir à un son plus acoustique ?
Je crois simplement qu’il est important de proposer, à chaque fois, quelque chose de nouveau …
Ma grande chance est d’avoir rencontré le producteur Kevin Shirley (producteur et ingénieur du son d’origine sud africaine qui s’est illustré en travaillant aussi avec Iron Maiden, Rush, Aerosmith, The Black Crowes, Led Zeppelin etc…, Nda)  qui a fait un travail remarquable et qui a trouvé un son très « organique ». Je pense que ce disque est mon plus abouti car un soin très particulier a été apporté à la production, aux mélodies et aux chansons…
Je pense qu’il est très important pour un artiste de faire des disques qui ne se ressemblent pas.

Tu es un guitariste, un chanteur mais aussi un songwriter. Quels sont les thèmes que tu aimes aborder dans tes titres ?
Je crois que beaucoup de gens ont découvert cette facette de ma personnalité à travers ce nouvel album « Sloe Gin ». S’il est vrai qu’il m’arrive d’aborder des sujets récurrents tels les ruptures sentimentales ou la solitude, j’essaye d’y mettre des formes et d’utiliser des directions inédites et originales. Je n’ai jamais cherché à poursuivre quelque chose en particulier. Je veux simplement que les gens se disent « Tiens, c’est original et différent, je n’avais jamais entendu ce type d’interprétation auparavant ! ».

Que ce soit aux USA ou en Europe, comment expliques-tu ton succès ?
Je n’en ai aucune idée, je ne sais pas pourquoi c’est venu !
Je sais juste que tout cela est un vrai plaisir. Si je ne sais pas expliquer la chose. J’essaye simplement de prendre un maximum de recul afin de ne pas me monter la tête. Le plus important est de vivre la chose avec beaucoup d’humilité.

Ressens-tu une grande différence entre les différentes scènes  internationales ?
Pour moi la plus grande différence que je constate quand je viens en Europe est le fait de voir tous ces gens debout lorsque je joue. En Amérique, la plupart du temps, le public est assis.
Je préfère de loin avec le public debout devant moi. C’est une grande expérience que l’on vit, à chaque fois, avec nos fans. Le public est, de ce fait, plus réactif et répond davantage qu’aux USA…

Peux-tu évoquer The Blues Foundation (association fondée en 1980  qui a pour but de préserver l’histoire du Blue, Nda) et me parler de ton action au sein de cette structure ?
J’ai rejoint la Blues Foundation il y a 5 ans et je fais partie du conseil d’administration depuis 3 ans.
Je suis très content d’y consacrer du temps, ce qui me permet d’aller à la rencontre de jeunes et de leur parler du Blues. Ce programme se nomme « Blues in the schools ».
Le but est d’inculquer l’histoire et les valeurs de cette musique aux nouvelles générations.
Cela peut passer par l’écoute d’interprétations de titres de Blues par des artistes aussi divers que Robert Johnson, Eric Clapton ou Led Zeppelin…
Je crois que c’est une chose vraiment très importante…

Combien de fois as-tu eu l’occasion de visiter des établissements scolaires ?
J’ai, à ce jour, fait cela une bonne quarantaine de fois….

Quel serait ton rêve pour l’avenir ?
Je veux simplement continuer à faire de bons disques, essayer de devenir encore meilleur, ne pas me répéter et surtout faire de nombreuses tournées !
Il s’agit là, tout simplement, du but de tout musicien qui se respecte…

As-tu autre chose à ajouter ?
Non sinon te remercier et dire que je suis très content d’être revenu à Paris pour ces deux soirées qui me permettent de passer des moments formidables. C’est toujours très excitant de revenir en France lors d’une tournée !

J’en profite pour te poser deux ultimes questions, quelle est ton opinion du public français et connais-tu des bluesmen de ce pays ?
Je ne connais pas de bluesman français mais j’aime Paris car le public y est formidable. Il communique beaucoup, il est très « électrique »…
Si la langue ici, et dans cette partie de l’Europe, est très différente de la mienne, je suis touché par le fait que les gens essayent de comprendre mes textes. De ce fait quand je parle au public, j’essaye de prononcer les mots le plus lentement possible car je parle très rapidement.
J’aimerais communiquer davantage avec les gens et parler plus mais ils ne comprendraient rien car je ne parle pas français (rires)…

PS/La photo de Joe Bonamassa sur la scène du New Morning a été prise par Marc Delavaud que je remercie.

Special Thanks : Lionel Aknine, Brigitte (Mascot Records/Provogue).

www.jbonamassa.com
www.myspace.com/jbonamassa
www.blues.org  (site officiel de la Blues Foundation)

 

 

 

 
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Interview réalisée au
New-Morning Paris
le 21 Mars 2008

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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